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Emilie Barrucand

Les Gardiens de la forêt

Editions du Cherche-Midi

« Toutes ces années auprès des peuples autochtones et dans la forêt amazonienne m'ont ouvert les yeux sur les travers de la société occidentale et sur les éléments essentiels au bonheur. Ces peuples ont transformé ma vie en m'aidant à me libérer de nombreux conditionnements. "

Emilie Barrucand

        Une véritable leçon de sagesse qui, à une époque en perte de repères, mérite grandement d'être écoutée.

      « Toutes ces années auprès des peuples autochtones et dans la forêt amazonienne m'ont ouvert les yeux sur les travers de la société occidentale et sur les éléments essentiels au bonheur. Ces peuples ont transformé ma vie en m'aidant à me libérer de nombreux conditionnements. »
         Depuis deux décennies, Émilie Barrucand vit trois à six mois par an aux côtés de peuples autochtones du Brésil et d'Amazonie, menant des projets pour leur défense et étudiant leurs cultures et leur sagesse.

À travers des récits de vie et des entretiens avec les Indiens Kayapo, Paresi, Guarani et Huni Kuin et auprès de leurs plus grands chamans, elle met ici en lumière la manière dont ces communautés appréhendent des enjeux universels tels que l'éducation, la famille, le travail, la spiritualité, la résilience, et nous montre comment vivre de la nature sans la détruire, avoir une vie équilibrée sans surconsommation ni surmenage, être en harmonie avec soi-même et les autres.
        Voici quelques clefs du bonheur et modèles inspirants recueillis au fin fond de la plus grande forêt tropicale au monde. Là où la générosité, la solidarité, l'équilibre et le respect de chaque être vivant prévalent.
            

         

       Voici un livre qui se lit avec bonheur, il est à l'image de son auteure, sincère et profond. Il relate une expérience authentique nous évitant les artefacts chamaniques si répandus aujourd’hui. C'est un beau voyage auquel nous sommes invités en terre d’Amazonie, à la rencontre d’une vision du monde qui nous interpelle… la nostalgie des origines chère à Mircea Eliade ou parce que cet ouvrage nous rappelle une part d'humanité que nous avons perdue… et sûrement la plus précieuse.

        Les développements technologiques de la civilisation moderne se sont le plus souvent construits en opposition avec la nature essentielle de l’homme, (fitra dans le soufisme), jusqu’à nous disjoindre des racines élémentaires de notre existence terrestre. Ce faisant, nous sommes entrés dans un espace ethnique encore inconnu dans l'histoire de l'humanité : celui où l’homme menace et détruit l’ensemble des ressources de sa survie.   

 

       Au fil des pages,  Les Gardiens de la forêt, révèlent des hommes, des femmes, et des enfants  victimes de la civilisation mondialisée et de son narratif : une civilisation qui protège, un progrès qui sauve, un avenir meilleur. Mais cela leur a permis d’en prendre la mesure, d’assumer un recul nécessaire et in fine de se préserver de ces mensonges. Une double articulation qui accompagne leur existence :  vivre en lien avec une tradition, transmettre son héritage temporel et spirituel et dans un même temps lutter contre l’invasion territoriale, technologique et psychologique de l’hydre moderne.

 

        Si, de façon générale, il est peut être naïf d’idéaliser les peuples premiers au regard d’une pureté originelle depuis  longtemps dégradée, en revanche, il est une certitude : ils sont les derniers résistants, ceux qui osent dire non et qui dans un même temps osent encore dire  oui à la vie, au bonheur, à cette union avec la nature, à la joie, au partage, à la transmission, au prendre soin, à cette bienheureuse fraternité humaine qui nous échappe et qui pourtant embaume chaque page de ce livre.

       Ne serait-ce que pour cela, tous ces êtres méritent notre respect. Car plus que gardiens de la diversité ils sont surtout les gardiens de notre âme, nous rappelant à notre véritable dignité : être véritablement humain.

 

      Lisez le chapitre intitulé leadership et politique (p.83) consacré aux enseignements magnifiques du chef Raoni. Comme disait ma grand-mère, prenons-en de la graine !  

 

            Evidemment, ce livre nous donne une leçon de vie, mais plus qu’une leçon, il dispense un souffle vivifiant   venu des profondeurs de la forêt amazonienne ; traversant la canopée de nos illusions, il porte jusqu’à nous une lumière éclairant nos manques : ce que nous avons à regagner sur le territoire de l’ignorance, de l’ombre et de la folie ; là où vit un Occident mondialisé de plus en plus tétanisé devant les conséquences de sa démesure. 

 

 

      Ph.Y Demaison

Extraits du livre 

1.

             Célébrer est un élément très important dans la vie de ces peuples. Les fêtes, les rituels fédèrent les membres de la communauté pour un objectif précis et renforcent ainsi l’unité du groupe. Ils sont composés de danses et de chants et sont souvent accompagnés de repas frugaux.

            Agostinha, mon amie chamane Guarani, m’avait aussi dit à ce sujet : « Pour nous sentir heureux, nous pratiquons nos rituels. Prier et danser, comme le faisait nos ancêtres, réaliser des rituels dans la maison de prière toute l’après-midi et la nuit jusqu’à l’aube : tout cela nous apporte beaucoup de bonheur. »

            Bien sûr, les cérémonies ne sont pas faites uniquement pour apporter joie et unité, il y a toujours une dimension spirituelle derrière. Les Kayapos disent par exemple que leurs rituels leur permettent de produire de l’énergie qui participe au maintien de l’équilibre de l’univers at que par la même occasion leur apportent de la joie et de l’énergie à eux aussi.

            Je suis moi-même leur exemple.

 

2.

 

            Dans sa grande hutte au sol en terre battue, avec ses murs de planches de bois et son toit en feuilles de palmier, il n’y a que l’essentiel : des hamacs, des lits bricolés à partir de quelques planches clouées, quelques vêtements, des ustensiles de cuisine et des objets traditionnels tels que des couronnes de plumes et ses arcs. Raoni vit dans un dénuement total, il partage juste une pièce avec une dizaine de membres de sa famille, comme tous le font ici.

             Chez les Kayapos, le chef doit posséder de nombreuses qualités tendant à le rapprocher le plus possible de leur idéal masculin. A leurs yeux, Raoni a tout d’un chef exemplaire. Non seulement pour l’authenticité qu’il a su garder malgré sa renommée internationale mais aussi pour sa générosité.

            Générosité, voilà une des qualités primordiales dont un chef doit faire preuve. A la différence de nos dirigeants qui vivent dans une aisance matérielle souvent indécente, un chef Kayopo qui baignerait dans un confort au-dessus de la moyenne et qui se montrerait avare serait vivement critiqué et perdrait aussitôt son crédit auprès des siens. Chez eux, un bon chef redistribue tout ce qu’il reçoit.

 

3.

            Les Guaranis considèrent aussi que l’alimentation a une incidence sur le niveau spirituel des individus. Quand je demande à Agostinha de me conseiller sur les nourritures à consommer ou à éviter pour progresser sur ce plan-là, elle me répond : « Fais-toi confiance. Sois à ton écoute, tu sauras de quoi ton corps a besoin pour grandir spirituellement ».

            A ce sujet, un jour João, un ami et leader Guarani m’avait emmenée dans une plantation de manioc. En chemin, il m’avait que, à cause de tous les pesticides et autres produits chimiques qui y sont introduits, la nourriture que les gens achetaient en ville avait un impact négatif sur la santé, mais également sur l’élévation spirituelle de chacun.

« A cause de notre situation foncière qui nous empêche de produire assez pour vivre, nous sommes souvent obligés d’acheter de la nourriture en ville. Nous sentons qu’elle a un impact sur notre énergie spirituelle et rend plus difficile notre connexion au divin.

            Pour m’en protéger, il me connilla de manger des produits biologiques, ou provenant de petits agriculteurs.

Anthropologue engagée, écrivaine et experte en Stratégies & Projets à impacts positifs sociaux et environnementaux. Emilie Barrucand travaille auprès des peuples autochtones d'Amazonie et de la forêt Atlantique au Brésil ainsi qu’en Inde et en Afrique. Elle agit auprès d’organisations internationales, de politiques et de fonds gouvernementaux et internationaux. Elle est aussi directrice de l'ONG Wayanga pour la protection du patrimoine immatériel des peuples autochtones et de l'Amazonie.

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