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Mandela et Gandhi : Deux héros de la liberté, deux " saints laïcs" selon certains, érigés en icônes mondiales. Mais aussi deux hommes bien réels - avec leurs parts d'ombre et de lumière -, dont l'expérience politique a été forgée au creuset d'une terre commune, l'Afrique du Sud. C'est en effet dans ce pays qu'au tout début du 20e siècle le jeune Gandhi, alors avocat pour la communauté indienne locale, a inventé le satyagraha, une méthode de désobéissance civile non violente qui plus tard influencera fortement l'ANC et Mandela.

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Rapprocher les parcours de ces deux leaders, comme le font ici les auteurs avec précision et discernement, permet de poser quelques questions fondamentales pour le monde d'aujourd'hui. Gandhi et Mandela à sa suite auraient-ils inventé une nouvelle forme d'action démocratique ? Dans leurs combats politiques, quel rôle ont joué la vertu personnelle, la spiritualité," la sagesse ", et quelles leçons peut-on en tirer ? En quoi chacun a-t-il échoué ou réussi, et leurs héritages respectifs ne pourraient-ils pas, sous bénéfice d'inventaire, fonder une "autre politique" ?

Cet ouvrage nous invite à aller à la rencontre de deux « icônes » politiques : Gandhi et Mandela.

 

En nous proposant de cheminer à leur côté durant leurs enfances et leurs jeunesses, cet essai politique nous invite à découvrir le terreau dans lequel ils ont grandi et qui a conduit à l’éveil spirituel qui fut le leur.

 

« Les religions représentent des routes différentes qui convergent au même point. Peu importe si nos chemins ne sont pas les mêmes pourvu que nous atteignions le même but » - «  Si un homme parvient au cœur de sa propre religion, il se trouve, de fait, au cœur même des autres religions » . Gandhi

 

          Les auteurs nous guident ensuite vers une exploration des évènements qui les conduisirent à se lever pour la justice et contre le mal politique et qui les transformèrent d’avocats en «  défenseurs du lien , celui qui relie tous les hommes entre eux et avec ce qui transcende l’humanité ».

 

Nous suivons ainsi leur cheminement intérieur et découvrons ces années d’intériorisation et de maturation que l’un et l’autre traversèrent.

 

Les individus que nous sommes ont tendance à juger leur réussite à l'aune de critères extérieurs, tel que la position sociale, l'influence, la popularité, la richesse ou le niveau d'éducation. (…) Mais d'autres critères intérieurs sont peut-être plus importants pour juger de l'accomplissement d'un homme ou d'une femme. L'honnêteté, la sincérité, la simplicité, l'humilité, générosité, l'absence de vanité, la capacité à servir les autres - qualités à la portée de toutes les âmes - sont les véritables fondations de notre vie spirituelle. Mais cette réussite-là n'est pas accessible sans un travail d'introspection véritable et une connaissance de ses forces et de ses faiblesses. La détention a au moins le mérite d'offrir une bonne occasion pour travailler sur sa propre conduite, corriger le mauvais et développer le bon que l'on porte tous en soi. (...) N'oublie pas qu'un saint est un pêcheur qui cherche à s'améliorer.

Nelson Mandela

 

 « Ces deux résistants de l’âme font sens ensemble, parce qu’ils sont emblématiques d’une certaine façon de faire de la politique, qui conjugue le souffle des principes universels et le génie d’une intériorité singulière, unis jusqu’à la victoire malgré l’adversité ».

 

Lire cet ouvrage c’est ainsi s’ouvrir à l’ahimsa, au respect de la vie et à la quête de vérité, au satyagraha, essence même de la non-violence gandhienne, unissant une forme d’action politique et d’implication personnelle tout en maîtrise de soi, mais également à l’esprit d’ubuntu, sentiment profondément africain d’appartenance à l’humanité grâce à l’humanité des autres.

En explorant l’héritage qu’ont laissé ses deux hommes d’exception, nous voyons que leurs actions sont d’abord collectives et humanistes, enracinées dans l’intériorité et l’altruisme. Ces « sages démocrates » réussissent à articuler des réalités a priori peu conciliables : la démocratie avec l’intériorité, l’intime et le collectif aussi bien que la tradition et la modernité.

Mandela, puis Desmond Tutu partagent à propos Gandhi : « (il) cherche le développement simultané et interactif de la personne morale et de la société morale. Sa philosophie du satyagraha est une lutte à la fois personnelle et sociale pour réaliser la Vérité (…) Il cherche cette vérité, non dans l’isolement égocentré, mais avec les autres » - « son ubuntu nous a montré que la seule façon d’être un jour humains, c’est d’être ensemble. Le seul chemin pour être libres, c’est : ensemble. »

« Cultiver son jardin intérieur mais sans oublier de cultiver le jardin de la cité », une piste à lire …

Bénédicte

Eric Vinson, docteur en science politique, est chercheur et enseignant spécialisé sur les faits religieux et la laïcitéSophie Viguier-Vinson est journaliste et collabore à Sciences Humaines, l’Express, Le Point.

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