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Plotin
Le Sage est son Propre Bien

                                       

         Le sage est son propre bien, grâce à la vie parfaite qu'il possède. La preuve qu'il en est ainsi, c'est que dans cet état, il ne cherche plus rien.

        Que pourrait-il chercher ? Des choses inférieures ? Non pas ; il a en lui la perfection ; celui qui possède ce principe vivifiant mène une vie qui se suffit à elle-même ; l'homme sage n'a besoin que de lui-même pour être heureux et acquérir le bien ; et il n'est de bien qu'il ne possède.

        Il cherche d'autres choses, c'est vrai ; mais il les cherche parce qu'elles sont indispensables non pas à lui mais aux choses qui lui appartiennent ; un corps lui est uni, et il les cherche pour ce corps ; ce corps, lui aussi, est un être vivant, mais vivant d'une vie qui a ses biens propres, qui ne sont pas ceux de l'homme véritable. L'homme connait ces biens du corps et il les lui donne sans rien entamer de sa propre vie (intérieure) à lui.

 

       Dans la chance adverse, son bonheur n'est pas amoindri ; il est immuable, comme la vie (intérieure) qu'il possède ; quand ses proches ou ses amis meurent, il sait ce qu'est la mort, et ceux qui la subissent le savent aussi, s'ils sont des sages ; la perte de ses proches et de ses parents n'émeut en lui que la partie irrationnelle dont les peines ne l'atteignent pas.

 

 

         Plotin, Les Ennéades, trad. Bréhier. coll. Budé p. 74, Les Belles Lettres.

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