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  • Photo du rédacteurDominika

Servir le Monde, note de lecture, Frédéric Lhündroup

Servir le Monde

La voie de l’écologie spirituelle

éd. Tana2022

Mathieu Labonne



Mille fleurs sont écloses à l’orée du bois. Elles nous montrent la coupe à moitié pleine. Leurs couleurs et leur vaillance nous disent gentiment d’utiliser la liberté et la richesse dont nous disposons plutôt que de se nourrir de complaintes vindicatives. Servir le monde, la voie de l’écologie spirituelle éclaire la face lumineuse qui se cache derrière les effondrements avec une vision et des constructions salutaires émergeant parallèlement aux nuages sombres qui s’accumulent à l’horizon.


D’un certain point de vue, nous sommes privilégiés car riches, consommateurs et bénéficiaires de nombreuses protections sociales. Il ne s’agit pas de réduire les acquis sociaux mais plutôt de partager équitablement et surtout de se rendre compte que ce modèle à un prix en énergie. Il n’est pas possible de produire autant d’énergie décarbonée que nous disposons d’énergie carbonée. Il n’existe alors pas d’autre solution que d’en consommer moins. On ne peut pas découpler croissance économique et augmentation de la consommation d’énergie. Nous rendons-nous compte qu’un français moyen utilise très probablement plus d’énergie que Louis XIV en son temps et dispose plus facilement d’un tas d’objets. Un français de condition modeste est l’équivalent énergétique d’un roi il y a une douzaine de générations, nous dit l’auteur (p30, 32). Pourtant, à juste titre, tous les citoyens ne se sentent pas souverains comme le roi soleil et notre modèle de société, réclamant toujours plus de confort matériel, n’est écologiquement pas viable.


D’un autre point de vue, nous sommes légitimement révoltés par l’injustice du décalage entre les plus riches et les plus pauvres, démunis devant la toute-puissance de l’économie financière, incrédules face à l’administration technoscientifique et à la numérisation de la société, stupéfaits par la collusion des pouvoirs sanitaires et du capitalisme débridé, dépités par l’aveuglement qui pourrait entrainer une nouvelle guerre mondiale et enfin quasi endeuillés par l’échec annoncé de la révolution écologique qui peine à s’imposer…Mais les têtes de ce dragon polycéphale seraient-elles coupées, ne repousseraient-elles pas inexorablement ? Même les leçons du coronavirus ont été absorbées par la bête. Telle est, pour le meilleur et pour le pire, la résilience du dragon, notre système global.


Alors tout est-il perdu ?

Oui sans doute, tout est perdu si l’on continue à envisager la lutte contre le dragon uniquement avec les mêmes armes que lui. Et Non tout est gagné, si nous changeons de perspective en l’approchant à partir des sources où le monstre s’ébat, c’est-à-dire dans notre propre esprit, dans la mentalité qui structure notre relation au monde et dans nos projets de vie ; ainsi à partir de l’intérieur et sans pour autant négliger ce qui pourrait affaiblir le monstre de l’extérieur, une véritable satisfaction est possible. C’est ce que nous propose Mathieu Labonne avec la force de la vérité, s.


Aguerrit par son expérience scientifique, animé autant que bien informé par son engagement écologique au service des nouvelles organisations socio-économiques que sont les Oasis, et éclairé par sa quête spirituelle puisée aux sources première de l’Inde, Mathieu nous fait découvrir les ressorts d’une mentalité d’avant-garde, réaliste et imaginative, associée à des engagements audacieux et concrets, source de bonheur.



Cet état d’esprit est le terreau d’une véritable révolution. Il reconnait que le caractère ultime de la crise écologique amène les questions métaphysiques au premier plan car pour changer la société de consommation prédatrice, il faut sonder les fondements de notre désir humain…Alors que nous disposons de tous les moyens pour une véritable transition, il souligne que notre incapacité à les mettre en œuvre, pose des questions sur le fonctionnement de notre esprit et notre relation au monde. Le livre aborde ces sujets avec finesse, de façon éclectique, concrète et référencée, sans préjugé. Il suggère des pistes de réflexions illustrées par le message des mythes, la voix des grands témoins de notre temps, et les conseils de la sagesse des traditions spirituelles authentiques qui nous enjoignent de cultiver notre potentiel le meilleur dans la contemplation comme dans l’action.


Un art d’aimer

Ce courant vif et frais, cette voie large et spacieuse, est aussi celle dans laquelle on apprend à surmonter les antagonisme stériles de la pensée binaire réductrice et à relier plutôt que séparer. Elle valorise la diversité et développe la vision des organisations en archipels, libérées des lourdeurs et hiérarchies centralisatrices, comme des îles reliées entre elles mais fortes d’une autonomie qui permet l’épanouissement de chacune selon son environnement et qualités propres. Elle puise son énergie vitale dans un certain art d’aimer, un art de vivre motivé par ce qui donne du sens à l’existence, et inspiré par ce qu’il est bon d’être et de faire. Elle encourage à mieux se connaitre et s’observer soi-même pour trouver la joie et la paix dans l’action.


On y trouvera également un éclairage sur les laboratoires d’avenir que sont les Oasis avec quelques secrets de leur réussite : en plus d’un état d’esprit partageant des valeurs communes et un projet collectivement élaboré, il faut aussi des compétences avérées, de l’art et de l’intelligence dans les relations avec un incontournable travail sur soi et son égo, un équilibre entre le leadership et la gouvernance partagée, et beaucoup d’autres ingrédients doux et piquants qui en font une belle et édifiante aventure. Soit dit en passant : « une personne vivant dans un oasis émet 50% de moins de gaz à effet de serre qu’un français moyen ».

Bref, ce livre nous montre combien nous sommes libre et combien nous avons la capacité de grandir en sagesse tout en agissant pour le bien du monde, ici et maintenant, sans attendre que le système change ou que les hommes politiques le décident.

Merci Mathieu pour cet ouvrage inspirant et utile qui contribue à mieux comprendre et faire connaître les conditions d’une écologie de la vie, régénérée, physique et métaphysique, ouverte et solidaire, cent pour cent actuelle, citoyenne, accessible et enthousiaste.

Et merci pour ton accompagnement aussi précieux à la reconstruction et renaissance de l’Oasis d’Avallon qui est pionnier dans la voie de l’écologie spirituelle. Avallon-Karma Ling, d’où je vous écris, suit les principes philosophiques de l’éco humanisme inspiré par la tradition du Bouddha dans sa rencontre avec l’Occident : L’Humain—l’Esprit—la Nature.

Pour en savoir plus sur la Coopérative Oasis, voir : https://cooperative-oasis.org/. Pour découvrir quelques Oasis, voir par exemple : TERA, un écosystème pour le XXIe siècle , l’Arche de Saint Antoine, et bien d’autres sur le site de la Coopérative.


Frédéric Lhündroup

Oasis d’Avallon

Institut Karma Ling

Hameau de Saint Hugon, 73110 Arvillard


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